Château de Bury

[Curieux destin que celui du château construit par Florimond Robertet. Reconnu au XVIe siècle comme le précurseur du “Château Renaissance”, il est abandonné un siècle plus tard. Aujourd’hui c’est une ruine oubliée, ou presque.]

(NR 1999- Alain Vildart)

Au bout de la longue allée traversant la forêt domaniale de Blois, à une demi-lieue de Molineuf et de Chambon-sur-Cisse, le Château de Bury rumine sur sa splendeur passée.

Il fût construit par Florimond Robertet, Grand Conseiller et Argentier de plusieurs rois (Charles VIII, Louis XII et François 1er).

Document de la Bibliothèque Abbé Grégoire 

“L’animal politique” était habile et sans nul doute âpre au gain. Bien en Cour dès 1489 (grâce à sa famille), il accompagne Charles VIII dans sa première expédition en Italie (1494). Il lui en vient des idées, en même temps qu’il établit le champ de ses relations internationales.

Alors que Robertet réside à Blois dans le très bel hôtel d’Alluye, rue Saint-Honoré, il se met en tête de doubler la mise en faisant construire un splendide château, à une dizaine de kilomètres en vis à vis de son souverain blèsois. C’est au moment où sa fortune politique est à son apogée qu’il ouvre les cordons de sa bourse (grâce au Roi) pour l’édification d’un édifice qu’il souhaite à sa hauteur.

Un Château doublement précurseur

Singulier château, d’une part, il présente des caractères devenus caducs à l’époque, d’une place forte : créneaux, mâchicoulis, poterne, pont-levis, chemin de ronde (ce dernier plus fait pour la promenade), d’autre part, il semble être incontestablement l’un des premiers, sinon le premier à présenter, entre moulures et médaillons à portraits, l’apparence du “Château Renaissance” qui va fleurir en Val de Loire à l’issue des campagnes d’Italie.

Image n°3 : Gravures de Jacques Androuet du Cerceau

Six tours, une cour d’honneur d’une cinquantaine de mètres de côté, une silhouette princière, d’aucuns diraient que cela fait un peu parvenu. Les armoiries et initiales de Robertet et de son épouse Michelle Gaillard de Longjumeau voisinent avec celles de Charles VIII, Louis XII et Anne de Bretagne, François 1er et Claude de France. Tout montre qu’étant quasiment achevé vers 1515, nous trouvons là un “Château de La Loire”.

Avec ses grands jardins en terrasses, quadrillés et ornés de formes géométriques, à la “Française” avant l’heure, nous découvrons là un autre aspect de Bury, une autre figure, celle de l’âge “Classique”.

Image n°4 : Maquette bois (1,70m x 1,40m, échelle 1/100éme), Alain PICOULEAU Juin 2007/9, réalisée d’après les gravures de Jacques Androuet du Cerceau dans « Les plus Beaux Bastiments de France » (1579).

Une Sculpture mystérieuse

Malheureusement, tous ces beaux semblants, ne valent pas un brevet de longue vie. Pour des raisons diverses, le château est abandonné par les Rostaing au milieu du XVIIème siècle, et ses pierres deviennent la cible de prédateurs s’apprêtant à construire ailleurs. Il reste le souvenir de fort belles sirènes sculptées et leurs cheveux d’embruns, reparties vers un océan incertain, et aussi celui d’une autre sculpture mystérieuse. 

Un David de bronze, de Michel-Ange, trôna un temps au beau milieu de la cour d’honneur. Roublard comme à son habitude, Robertet avait réussi à le récupérer auprès des Florentins, alors que l’objet d’art était initialement destiné à Pierre de Rohan, Maréchal de Gyé. David a du tomber sur un funeste Goliath.